KDOG Cancer Detect Group
Search

LE PROJET

18/01/2018
Partager
Les travaux de recherche d’Isabelle Fromantin, docteure en sciences et infirmière, concluent que le cancer du sein dégage des odeurs indétectables pour l’homme. Un chien formé à la détection peut identifier la présence du cancer simplement en reniflant des lingettes ayant été en contact avec la peau et la sueur des femmes.
KDOG entend mettre au point une méthode de dépistage facile, non coûteuse et non invasive. Les taux de réussite des chiens KDOG atteignent près de 100%.
KDOG International Conference
Aller directement à la section

LE CONTEXTE DU PROJET

Le cancer du sein : un impact dramatique sur les femmes du monde

Après les maladies cardiovasculaires, les cancers constituent la deuxième cause de décès chez les femmes dans le monde – la maladie étant responsable de 14 % de l’ensemble des décès en 20121. Comme souligné par plusieurs études (du Lancet et de l’ACSi), le nombre de femmes touchées par le cancer à l’horizon 2030 devrait être en constante hausse, en particulier sur le cancer du sein. Aujourd’hui, il représente le cancer le plus fréquent parmi les femmes du monde entier.

Contrairement aux idées reçues, le cancer du sein concerne également les habitantes de pays à faible accès aux soins. Or, beaucoup de ces pays n’ont pas ou très peu d’accès à des technologies de dépistage du cancer.

S’il est détecté tôt, le cancer du sein peut être guéri dans neuf cas sur dix. De nombreuses vies seraient sauvées grâce à une meilleure prévention des facteurs de risque et un accès accru au dépistage.

Pourtant, trop de femmes encore, en France ou dans les pays à faible accès aux soins, n’ont pas accès au dépistage traditionnel.

Le défi du cancer appelle des réponses audacieuses. Il est urgent de développer de nouvelles méthodes de dépistage précoce accessibles à tous et à toutes. C’est de cette volonté d’application rapide et équitable que naît KDOG…

L’hypothèse de lancement : l’odeur du cancer

C’est en 2009 que débute l’aventure KDOG. Isabelle Fromantin, infirmière de l’Institut Curie, rédige alors une thèse sur les plaies associées au cancer du sein. Elle étudie plus particulièrement les odeurs tumorales et s’intéresse aux composés organiques volatils (COV) et à la manière dont ceux-ci sont émis par les plaies. Son objectif : établir un lien entre cancer et odeur des plaies.

Des recherches dans la littérature scientifique permettent à Isabelle Fromantin de légitimer l’hypothèse selon laquelle les COV pourraient constituer des biomarqueurs du cancer. En d’autres termes, la tumeur émettrait des composés chimiques caractéristiques qui, une fois identifiés, permettraient de détecter la présence d’un cancer à un stade précoce.

Les tumeurs génèrent donc des odeurs indétectables pour l’homme. Mais comment identifier ces éléments ?

Le Dr Fromantin s’appuie alors sur deux méthodes capables de trouver ces biomarqueurs: la chimie analytique et la détection canine également utilisée dans la recherche de drogues et d’explosifs. «En approfondissant mon étude, la détection olfactive du cancer est rapidement apparue comme un axe de recherche porteur », explique-t-elle. Or, après comparaison, le flair canin s’avère, pour le moment, plus performant que les instruments de chimie.

Le recours à l’odorologie canine est ainsi envisagé : un chien spécialement formé pourrait déceler la présence des COV marqueurs du cancer ! Dotés d’un sens de l’odorat infiniment plus développé que celui de l’humain, ils sont capables de détecter un spectre d’odeurs très précis dans des quantités infimes de matière.

 

 

 

LE PROCESS

Les capacités olfactives canines dans la détection du cancer ont déjà été démontrées par des études aux Etats-Unis et en Italie, à propos du cancer de la prostate. Mais contrairement à ces équipes de recherche qui font directement sentir les chiens à partir des fluides corporels humains (haleine ou urine), l’originalité de KDOG réside dans l’utilisation d’une lingette comme support d’analyse de l’odeur.

Pour la première fois, les chiens sont éduqués à dépister le cancer de façon transcutanée.

Voir toutes les étapes

Le dépistage KDOG se fait entre l’hôpital, le domicile de la personne et le centre canin.

 

Le kit KDOG

La collecte des échantillons est réalisée d’abord en 2016 sur la base du volontariat. 130 femmes se prêtent au jeu, malades ou non. Lors d’une consultation à l’Institut Curie, elles se voient remettre le kit KDOG contenant un savon sans odeur, une lingette et un bocal. Après s’être douchée avec le savon sans odeur, la volontaire doit positionner une simple lingette sur chaque sein et dormir ainsi toute une nuit. C’est cette lingette de coton classique qui absorbe la sueur de la volontaire contenant éventuellement l’odeur caractéristique de la tumeur.

 

Le dressage des chiens

Envoyés au centre cynophile, les échantillons ont d’abord été utilisés pour dresser les deux Malinois. Pendant six mois, des exercices de mémorisation ont permis que le chien soit capable de reconnaître l’odeur du cancer et de le manifester. Disposés en une ligne de 4 cônes, les échantillons sont analysés par le chien. Il renifle chaque cône dans lequel se trouve la lingette, puis il « marque » c’est-à-dire qu’il s’arrête devant celui où se trouve la lingette « infectée ». Un jeu permet de récompenser le travail du chien.

 

La phase test et les résultats

La dernière phase de cet apprentissage consistait à tester les chiens en aveugle. Les résultats sont plus qu’encourageants : 90,3% de taux de réussite au 1er passage et 100% au 2ème passage. Ces résultats ont été présentés en février 2017 par Dr Isabelle Fromantin et Dr Séverine Alran à l’Académie Nationale de Médecine.

UNE DEMARCHE SOLIDAIRE ET INNOVANTE

Un label solidaire

Le projet KDOG se voulant reproductible, solidaire et non lucratif, nous souhaitons proposer un projet open source.

Une démarche citoyenne

L’originalité de ce projet réside dans la démarche citoyenne qui l’a rendu possible. C’est, en effet, grâce aux dons du grand public, rassemblés sur une plate-forme de financement participatif, que 80 000 € ont été réunis en 2016 pour le lancement de cette recherche innovante. Nous les en remercions !

KDOG tient à rester un projet ouvert et citoyen et compte sur l’adhésion de nombreux bénévoles, volontaires et donateurs. C’est un projet de recherche pour les gens et avec les gens.

LES OBJECTIFS DE KDOG

KDOG entend répondre à plusieurs objectifs.

Elaborer un dépistage précoce, fiable et facile

Le flair très développé du chien lui permet de détecter les cancers à des stades précoces. Or, un dépistage précoce permet, d’abord, un meilleur diagnostic et un choix plus important des traitements, ainsi qu’une plus grande chance de guérison.

Le dispositif est léger, le procédé est simple : soumettre des lingettes de contact à l’odorat des chiens. Il est donc indolore et non-invasif : « Il suffira à une femme de porter un morceau de tissu pendant quelques heures sur son sein avant de l’envoyer à un laboratoire où les chiens passeront au test du dépistage », explique Isabelle Fromantin.

Les chiens ne sont jamais en contact avec les patients.

Le dépistage du cancer par détection canine présente ainsi de nombreux avantages, de la simplicité de la méthode à la rapidité de ses résultats, de l’innocuité du dispositif à son faible coût.

Dépister les personnes en situation de handicap

Cette nouvelle technique de dépistage constitue également une solution alternative pour les personnes en situation de handicap. La mammographie, par exemple, est parfois inadaptée pour certaines personnes, car exige que l’on se tienne debout et immobile. Plusieurs études ont montré que ces difficultés d’accès conduisent à des participations moindres au dépistage, avec des conséquences néfastes pour la santé des femmes.

Plus largement, cette offre de dépistage pourrait être plus convaincante et adaptée à une population féminine parfois récalcitrante au procédé désagréable que peut être la mammographie, et/ou angoissée par les risques de sur diagnostics ou de faux négatifs.

Etendre le dépistage aux pays en voie de développement

KDOG prévoit d’étendre la mise en place du dispositif à l’extérieur de nos frontières pour, notamment, permettre un dépistage précoce du cancer des femmes et des populations vulnérables dans les pays en voie de développement, où les outils de diagnostic font souvent défaut. L’objectif est d’améliorer largement les possibilités de dépistage des femmes ainsi que de garantir une prise en charge médicale rapide et de qualité.

Appliquer la démarche à d’autres cancers

L’équipe de travail a l’ambition d’étendre cette méthode de dépistage du cancer du sein à tous les types de cancer accessibles par voie transcutanée, en commençant par le cancer de l’ovaire, aujourd’hui seulement détecté à un stade avancé.